Le site Escarpes II si situe au sud-ouest de l’étang du Bagnas. Il avait été identifié par des prospections réalisées […]
Le site Escarpes II si situe au sud-ouest de l’étang du Bagnas. Il avait été identifié par des prospections réalisées par Barthès puis par Archéofactory en 1996 dans le cadre d’un inventaire autour du bassin de Thau.
C’est à l’occasion de travaux de pose d’une artère souterraine par France Telecom que des observations ont pu être réalisées dans l’emprise de la tranchée (30 m de long sur 1,20 m de large).
Au nord de la tranchée, un mur conservé sur deux assises présente deux parements, un intérieur et un extérieur. Un blocage bien agencé entre ces deux parements contribue à l’édification du mur. Il est difficile de déterminer l’usage de cet édifice car les conditions d’observation restent à l’échelle de la tranchée. Cependant la céramique donne quelques indices. En tout premier lieu la datation. En effet, un plat en céramique claire D trouvé entre les blocs permet d’envisager une construction entre 425 et 475. De plus, ce lot céramique, a livré un nombre de tessons d’amphores et de tegulae beaucoup plus élevé que la céramique fine, ce qui permet d’envisager que ce bâtiment ait plutôt un usage agricole.
Au sud de la tranchée, ce sont deux bâtiments qui ont été mis au jour. Le premier bâtiment est matérialisé par un mur daté par la céramique des IIe/Ier s. av. J.-C. Ce mur conserve uniquement un parement et deux assises d’élévation. Il a été épierré après avoir subi un incendie. Les ruines de ce bâtiment ont été étalées, de gros blocs basaltiques à surface plane et de gros fragments de tegulae ont été utilisés pour former un dallage contre un autre mur plus tardif.
Ce troisième mur, d’orientation différente au précédent peut être daté de l’Antiquité tardive et plus précisément du Ve siècle après J.-C.
Outre ces bâtiments, le reste du tracé a permis d’observer la présence de fossé avec au point le plus bas du mobilier antique. Ces éléments associés à l’orientation du fossé à N42°Est plaident en faveur de structures de drainage antiques.
Cette orientation à N42°Est a été mise en évidence dans le centre-ville d’Agde mais aussi dans l’organisation des terres et des constructions situées dans la campagne.
Focus sur la cadastration
D’après Antoine Pérez, le littoral languedocien est le lieu d’un incroyable enchevêtrement de cadastres antiques.
En effet, son étude minutieuse a livré pas moins de 7 cadastres antiques. Les voici dans l’ordre chronologique :
Le cadastre grec d’Agde à N42°E
Le Béziers B à N 32,3° E réseau précoce, fin IIe -Ier s. av. J.-C.
Le Cessero-Forum Domitii daté du début du Ier siècle ?
Le Béziers E à N 42°E daté de César il date des environs de 49 av. J.-C. consécutif à la défaite de Marseille
Le Béziers C à N 26-27° O mis en place lors de l’installation de la Colonia Urbs Julia Baeterrensium – 45-44 ou 36
Le Béziers D à N 23,3 ° E mis en place à l’Empire
Le Béziers A à N 1,3°O mis en place à l’époque flavienne
Comment procédait-on pour avoir au sol une structure orthonormée ?
Les instruments de visée qu’utilisent les arpenteurs romains pour mesurer les angles sont la dioptra et la groma.
La cadastration du territoire Hérault Méditerranée et la voie domitienne
Sur notre territoire entre Béziers et Cessero (Saint-Thibéry) et Cessero-Forum Domitii (Montbazin), 3 cadastres s’articulent autour de la voie domitienne.
Béziers B est le plus ancien, il est mis en place entre la conquête et 70 av. J.-C. Celui-ci co-existe et respecte le cadastre grec au sud orienté à 42°Est et qui réparti les terres des propriétaires terriens d’Agde, de Bessan, de Vias, de Saint-Thibéry. La voie Domitienne aussi respecte ce système grec et est construite en territoire Romain. Elle date de la haute République (IIe s. av. J.-C.)
Puis un cadastre nommé Cessero Forum Domitii daté du début du Ier siècle ? et, le cadastre Béziers D, mis en place à l’Empire romain (Ier siècle) répartissent les terres et permettent de lever l’impôt. Ces deux cadastres sont générés à partir de la via domitia qui sert d’hypothénuse !
Deux cadastres, une orientation
L’un des axes générateurs du cadastre grec d’Agde est celui de la ville au mont Saint-Loup. Ce cadastre est orienté à 42°Est et se compose de modules de 330 m. C’est cette dernière mesure qui le différencie du cadastre romain, Béziers E, lui aussi orienté à 42° Est, mais dont le module est bien supérieur : 710 m.