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Agde – La Motte II

Le site de La Motte II est connu depuis longtemps. En 1963, dans le cadre de prospections subaquatiques dans l’Hérault, le Groupe de Recherches Archéologiques Subaquatiques et de Plongée d’Agde localise un gisement. Dénommé gisement S, le Carnet de fouille de l’association ainsi qu’une Notice de découverte nous en livre une description sommaire (Fonquerle 1964 et 1965). Le gisement est constitué « d’amphores italiques et gréco-italiques imbriquées entre des pierres d’apport semblant être le lest d’un bateau ». D. Fonquerle, président du GRASPA, croit avoir découvert une épave qu’il associe à la présence « d’une ancienne estacade », au regard de la proximité d’alignements de poteaux. L’auteur date ces vestiges de l’Antiquité au vu de la typologie des amphores et de la présence de fragments de vaisselle campanienne. Des croquis annotés rendent compte de cette découverte. L’un d’eux figure la présence de pierres dont la répartition dessine la forme d’un bateau (Fig. 7). L’une d’elle, « de forme bisarre » selon Fonquerle, ne laisse aucun doute sur la localisation de ce gisement. En effet, cet imposant monolithe, taillé en H, repose toujours au fond de l’Hérault.

A partir des années 2000, l’association IBIS (Christian Tourette et Philippe Moyat) réalisent des prospections de reconnaissance. Cette immersion confirme la présence du site. Il est alors proposé après une année supplémentaire d’investigations, de reconnaître ici les vestiges d’une installation portuaire fluviale antique constituée de quais et de pontons datés des IIe/Ier siècle avant J.-C. Cette constatation écartait l’hypothèse d’une cargaison d’épave avancée en 1963 par le GRASPA.

 A partir de 2016 une fouille programmée est réalisée avec les membres de l’association IBIS sous la responsabilité de Fabrice Laurent et Charlotte Carrato, puis aujourd’hui sous la responsabilité de Fabrice Laurent et Céline Gomez-Pardies. Ces fouilles programmées permettent aujourd’hui d’avancer les données suivantes :

  • Les pieux en bois associés à l’aménagement ont été datés par analyse carbone 14 entre l’âge du Bronze ancien III (1745-1536 av. J.-C.) et le Bronze final IIa (1264-1115 av. J.-C.). Ils ne sont donc pas contemporains des enrochements. La détermination de leur nature est cependant difficile. L’hypothèse d’un point de passage à cet endroit est avancée.
  • Un enrochement, situé en rive droite, est constitué de blocs et d’amphores. Ces amphores, majoritairement de production locale, ne sont pas entières. Ce sont des éléments mis au rebus qui ont été utilisés pour renforcer cet aménagement. Leur réemploi suggère un approvisionnement proche. Eu égard à leur type et pâte il est assuré qu’elles proviennent du site de Saint-Michel du Bagnas. Elles permettent donc de bien dater cet aménagement du IIe siècle avant J.-C. Les opérations suivantes ont démontré la présence de deux autres enrochements dont un daté de la même période et situé sur la même rive (droite). L’autre, en rive gauche, reste encore à explorer.

En l’état actuel des recherches, les enrochements mis au jour sur le site de la Motte II semblent correspondre à un aménagement de berge. Mais de nombreuses questions subsistent auxquelles les futures campagnes de fouilles tenteront de répondre.

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