En 2012, un diagnostic archéologique a été réalisé par l’INRAP sous la direction de Patrick Ferreira dans le cadre de […]
En 2012, un diagnostic archéologique a été réalisé par l’INRAP sous la direction de Patrick Ferreira dans le cadre de l’extension du golf au Cap d’Agde. Le périmètre d'intervention se situe à 3,2 km à l’est du centre-ville d’Agde, entre Mont Saint-Loup et Mont Saint Martin. Dans ce cadre, un ensemble de trois cuves, liées à la production viticole ont été mises au jour. Elles valident les données de la carte archéologique et renseignent l’occupation du secteur diagnostiqué qui a fait l’objet de prospections et de quelques investigations.
Quatre sites émergent dans notre secteur ou à proximité : le Petit Pioch, Plô Saint Martin, la Désirable et Embonne.
Si le premier a été perçu uniquement au travers de quelques tessons en surface, les deux suivants attestent, quant à eux, de l’implantation d’un établissement rural dont l’un Plô Saint-Martin, repéré en 1988 par Daniel Rouquette et en 1996 par Jean Grimal. Il perdure jusqu’à l’Antiquité Tardive sans discontinuité. Cette longue chronologie et les nombreux artefacts témoins d’une installation durable est le gage d’un site bien ancré dans la dynamique de territoire.
Le site d’Embonne se situe à 1 km à l’est du diagnostic, ce site a fait l’objet de fouilles anciennes (Prat Puig en 1936, R. Aris en 1938) reprises à la fin des années 1980 (fouille Odile Bérard-Azzouz – Conservateur des Musées d’Agde) et début des années 1990 (fouille Iouri Bermond – SRA et Hervé Pomarèdes- INRAP). Elles ont permis de révéler un lieu occupé au Chalcolithique puis, par la suite, du IIe siècle avant J.-C. jusqu’au Haut Moyen-Age. L’occupation du IIe siècle avant J.-C. débute avec la mise en place d’un établissement agricole et l’exploitation de la table basaltique permettant de façonner des meules rotatives exportées dans le sud de la Gaule. A la période suivante, l’habitat qui s’organise autour d’une cour délaisse son activité liée à la fabrication de meules au profit d’une production viticole décelée grâce à la présence de bassins et de dolia. Cet habitat occupé en continu se voit modifié à l’Antiquité Tardive, puis se transforme en petite agglomération au Haut Moyen-Age.
Au lieu-dit Saint-Martin des Vignes, on perçoit l’installation d’une villae, et plus précisément la pars rustica dédiée aux activités agricoles. Elle est édifiée au sommet d’une parcelle sur un replat.
Les tranchées réalisées autour des trois cuves n’ont pas permis de mettre en évidence les aménagements constitutifs de l’unité de production viticole. Si les bassins sont des structures installées profondément dans le substrat basaltique - elles sont conservées sur un mètre de hauteur - les structures viticoles associées sont peu fondées et reposent directement sur le socle rocheux. Pour autant, une telle installation ne peut être isolée et la présence d’un pressoir et d’un chai est évidente malgré leur absence.
L’étude céramique et l’observation des modes de construction des cuves indiqueraient au moins deux états.
En effet, deux cuves ont un mode de construction identique, et notamment dans le liant de chaux dans lequel on retrouve quelques éléments de terre cuite. En revanche, la cuve située au nord, comporte du basalte broyé. Cette différence de liant est un élément à prendre en compte qui nous indiquerait une phase plus ancienne pour cette dernière.
Le fort mobilier présent dans le comblement des bassins date du IIe siècle avant J.-C. On envisage alors un ancrage de cet établissement à cette période, avec peut-être un abandon et une réoccupation au Ier siècle avant J.-C.
A partir du IIe siècle avant J.-C., Agde tire profit de sa campagne grâce à l’implantation de nombreux établissements à vocation viticole. Les fouilles de sauvetage et les prospections systématiques effectuées par E. Gomez dans le cadre de sa thèse de doctorat ont permis de mettre en évidence une véritable dynamique durant cette période autour de ce secteur d’activité.
Ainsi, nous voyons poindre des sites d’une plus grande importance tel que Saint-Michel du Bagnas auquel est associé une production d’amphores permettant de commercialiser le vin. Saint-Pierre de Fabricolis, la Crouzette..., plus proche de notre secteur, un récent diagnostic effectué par Loïc Buffat suivi d’une fouille menée par Oxford Archeology au lieu-dit Capiscol a confirmé la présence d’un établissement viticole ainsi que des traces agraires.
La phase d'abandon/réoccupation du site correspond à la colonisation romaine. A cette période, le territoire d’Agde subi une « renormatio » de son cadastre par l’extension du cadastre E de Béziers-Lodève. Cette restructuration entre -49 et -45 marque la fin de la colonisation grecque et de la ville grecque. La fille de Marseille se voit alors rattachée à Béziers, nouvelle colonie de droit romain.