Le site de la Croix de Saint-Georges est connu anciennement. Le mobilier recueilli lors de prospections de surface, permet de […]
Le site de la Croix de Saint-Georges est connu anciennement. Le mobilier recueilli lors de prospections de surface, permet de distinguer deux phases chronologiques du site : l’âge du Bronze et le Moyen-Âge. La faible quantité de mobilier daté de l’âge du Bronze ne permet pas d’envisager une grosse occupation, en revanche les nombreux éléments liés au Moyen-Âge marquent sans doute la présence de structures.
C’est ainsi qu’en 1989, Michel Feugère et Noël Houlès ont réalisé des sondages à l’emplacement des concentrations identifiées lors des prospections.
Ils ont pu mettre au jour deux fosses de nature différente. L’une bien ronde, d’un diamètre de 2m environ, était rubéfiée et comportait une sole constituée de fragments de tegulae et imbrices. Ces éléments renseignent sur sa fonction liée à la cuisson. La seconde, d’une dimension supérieure à 2 m, s’étendait à l’extérieur du sondage. Elle n’a pu être observée que partiellement. Elle a été accolée à la première fosse de manière volontaire.
La fosse 1, est un four, dont le comblement pourrait contenir des éléments liés à son effondrement. En effet, ce type de four était généralement surmonté d’une coupole. Quant à la fosse 2 elle semble servir de dépotoir pour les cendres générées par l’activité du four.
Le mobilier récolté dans le comblement du four date du début du Moyen-Âge. Les deux chercheurs ont donc, logiquement, proposé une datation Ve/VIIe siècle après J.-C. (Feugère, Houlès 1992)
Plus récemment, en 2015, une structure similaire a été mise au jour lors du diagnostic archéologique réalisé au lieu-dit Saint-Christol à Pézenas par Olivier Ginouvez (Inrap). En effet, deux fosses ont été partiellement fouillées : la chambre de cuisson de forme ovale mesure 1,90 m x 1,50 m et la fosse dépotoir qui lui est associée possède une dimension de 4,70 m x 4 m.
Dans la chambre de cuisson, la sole du four est réalisée à l’aide de gros fragments de tegulae et de briques à tenons de petites dimensions. La fosse qui lui est associée est comblée par des lits charbonneux à cendreux.
Le mobilier céramique est bien moins présent qu’à Castelnau de Guers. Son analyse renseigne sur la phase d’abandon de la structure qui ne dépasse pas l’extrême fin de l’Antiquité.
On trouve quelques exemples de fours similaires dans l’Hérault. Il semble que ces structures soient plutôt isolées, parfois situées à proximité de zone d’ensilages. L’hypothèse avancée pour une telle situation est la limitation des risques d’incendie. Mais les chercheurs se posent aussi la question de l’utilisation de ces fours pour la torréfaction ou le séchage des grains avant leur dépôt dans les silos. Ces structures sont assimilées à des fours de boulangers. (Ginouvez 2015)
Certains sites archéologiques ont livré des pains conservés suite à des accidents de cuisson. Ces découvertes augmentent nos connaissances sur ce marqueur culturel. Les plus anciens restes de pain en Europe datent de 5 600 av. J.-C. ils ont été découverts sur le site de La Marmotta près de Rome en Italie. A l’antiquité, Ils ont des formes diverses rond avec des sillons concentriques, tressés, miches ovales longues d’une dizaine de centimètre. Des fragments de pains retrouvés datés du IIe siècle après J.-C. témoignent d’une maîtrise et d’une technicité parfaite : alvéolage très développé, qualité des farines (blé épeautre), mouture, pétrissage et cuisson. Le pain avant d’être enfourné est incisé, c’est la technique de la grigne qui est employée dès le Ier siècle de notre ère en Gaule, elle apporte des qualités gustatives au pain (Philippe Marinval, 2021)
Céline Gomez-Pardies
Sources :
Feugère, Houlès 1992 : Michel Feugère et Noël Houlès, un four domestique de l’Antiquité tardive à Castelnau-de-Guers (Hérault), p 143-146, Archéologie en Languedoc n° 16, 1992
Ginouvez 2016 : Olivier Ginouvez, avec la collaboration de Céline Pardies et les contribution de Laurence Bourguignon, Muriel Gandelin et Jérôme Ivorra, Pézenas Quartier Saint-Christol, Rapport Final d’Opération de diagnostic archéologique, Inrap Méditerranée, 2016
Marinval 2021 : Philippe Marinval (25 décembre 2021). Premières odeurs de pain. Actualités des études anciennes.