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Peiro Signado

Le site de Peiro Signado est un des rares habitats de plein air du Midi de la France à avoir livré des restes de structures d’habitat du Néolithique ancien.

Le gisement fut découvert dans les années 30’ (Boularan J., Grimal J. 1974 ; Grimal J. 1982) mais il n’a véritablement été révélé qu’en 1977, suite à un charruage profond. La fouille effectuée sur la partie apparente du site a révélé  : « un dépotoir en fosse contenant les rejets d’un habitat et une importante documentation céramique qui a permis de définir un faciès culturel inédit sur les côtes du Sud de la France » (Roudil J.-L., Grimal J. 1978 ; Roudil J.-L. Soulier M. 1983). Ce n’est que vingt années plus tard, à la suite d’un projet de construction, que le site est réévalué puis fouillé en 1996 et 1997 sur une plus large surface. La poursuite de ces recherches a mis au jour l’habitat néolithique complet composé d’un bâtiment de plan ovale matérialisé par des trous de poteaux et du torchis en partie brûlé. Cette construction en matériaux périssables est bordée par plusieurs fosses d’extraction d’argile réutilisées en dépotoir, incluant la grande structure excavée en partie fouillée en 1977. Deux dates (6770 ± 55 BP ; 6840 55 BP calibrées à 1 sigma) placent cette occupation entre 5700 et 5600 av. J.-C. Le site de Peiro Signado fait partie des plus anciennes implantations néolithiques du Sud de la France. Le mobilier céramique fait référence au Néolithique ancien à sillon d’impressions ou faciès « Arene Candide » qui a déjà été largement décrit depuis sa découverte (Roudil, Grimal 1978 ; Roudil, Soulier 1983 ; Manen 2000 et 2002). Ce gisement documente l’implantation sur les côtes languedociennes, durant la première moitié du 6ème millénaire, d’un groupe colon directement en relation avec le Néolithique ancien ligure.

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Le site de Peiro Signado est implanté sur l’extrémité nord-ouest d’un promontoire longiligne, situé à 35 m NGF, dominant nettement vers l’ouest la vallée de l’Orb. Les travaux de Paul Ambert ont montré que le substrat est composé de terrains argilo-sableux très compacts dont la paléotopographie a très peu évoluée depuis la fin du cycle Pliocène. Le gisement, en dépit de sa position perchée en retrait du rivage actuel de la mer (environ 3 km), dominait une vaste lagune aujourd’hui colmatée par des apports continentaux de l’Orb. Un forage situé au pied du promontoire de Portiragnes permet d’assurer qu’un paléo-golfe y existait au début du 6ème millénaire avant notre ère. Le caractère littoral de Peiro Signado était donc très nettement affirmé. 

Une bonne part de la conservation des vestiges néolithiques tient à la cohésion des sédiments argileux qui le recouvrent, mais surtout à des apports de remblais qui ont stabilisés le terrain pour l’implantation d’un célier à l’époque gallo-romaine. Ce célier, étudié par Christophe Pellecuer et Aline Avril, est composé de vingt-trois fosses ou logements pour dolium  dont  six contenaient encore le fond d’un récipient. Sa mise en place date du début du Ier siècle de notre ère et il est abandonné dans le courant du IIIe siècle.

 

Le mobilier céramique, étudié par C. Manen, est composé de près de 3400 tessons. Les formes identifiées correspondent à des bols, à des jattes à fond plat et à des bouteilles. les fonds de ces récipients sont plats mais la question de la présence de fonds ronds reste ouverte et difficile à évaluer. Les techniques décoratives utilisées sont diversifiées et comprennent divers types d’impressions (cardium, doigt, baguette creuse…) mais le sillon d’impressions est largement dominant. Parmi les thèmes décoratifs on observe une certaine homogénéité puisque tout est basé sur la ligne, le chevron, le zigzag et le triangle. Ces quatre motifs sont combinés de façon variée pour former des décors très structurés et géométriques.

L’industrie lithique, étudiée par F. Briois, est nettement lamellaire et utilise la technique de la pression comme mode de détachement. Les opérations de débitage sont réalisées sur place pour la fabrication d’un outillage dominé par les lamelles à retouches latérales et les géométriques (trapèzes symétriques par bitroncature). Les lames de faucille à lustré d’usage (Philibert et al. 2014), les lamelles tronquées et les perçoirs constituent l’essentiel des autres groupes d’outils. La présence d’obsidienne, déjà signalée lors des fouilles de 1977-1978, implique deux sources de Méditerranée occidentale : Palmarola et la Sardaigne (Briois et al. 2009)

Les données concernant l’économie de subsistance restent très fragmentaires en raison des problèmes de conservation liés à la nature du site. Quelques vestiges carbonisés et des émails dentaires indiquent la pratique de la pêche en mer (restes de Daurades), et l’élevage du boeuf et du mouton (travaux de I. Carrère). Les paléo-semences carbonisées, mieux conservées et abondantes, sont dominées par le blé amidonnier et l’orge nue (Bouby et al. 2020).

Références bibliographiques :

  • Boularan J., Grimal J. 1974 : « Documents épicardiaux de Peiro Signado, Portiragnes (Hérault) », Bulletin de la Société préhistorique française, 71, 6, p.176-179.
  • Grimal J. 1982 : « Le Néolithique ancien de la plaine de l’Hérault », Le Néolithique ancien, Actes du Colloque de Montpellier en 1981, Archéologie en Languedoc, numéro spécial, p. 253-259.
  • Roudil J.-L., Grimal J.  1978 : Découverte d’une nouvelle civilisation du Néolithique ancien en Languedoc, Bulletin de la Société Préhistorique Française, t. 75, C.R.S.M. n°4, p. 101-103. 
  • Roudil J.-L., Soulier M. 1983 : « Le gisement néolithique ancien de Peiro Signado (Portiragnes, Hérault) : étude préliminaire », In : Congrès préhistorique de France, 21e session, Montauban-Cahors, (Quercy, 1979), Paris, Société préhistorique française, 2, p. 258-279.
  • Briois F. 1996 : « Portiragnes – Peiro Signado », ADLFI ; Archéologie de la France – Informations (En ligne), Languedoc-Roussillon. URL : http://adlfi.revues.org/11740
  • Manen C., 2000 : Implantation de faciès d’origine italienne au Néolithique ancien : l’exemple des sites « liguriens » du Languedoc, in M. Leduc, N. Valdeyron et J. Vaquer (dir.), Sociétés et espaces, Rencontres méridionales de Préhistoire récente, Toulouse, 1998, ed. Archives d’Ecologie Préhistorique, p. 35-42.
  • Manen C. (2002) – Structure et identité des styles céramiques du Néolithique ancien entre Rhône et Ebr, Gallia Préhistoire, t. 44, p. 121-166.
  • Briois F., Manen C., 2009. L’habitat néolithique ancien de Peiro Signado à Portiragnes (Hérault), in A. Beeching et I. Sénépart (dir.), De la maison au village, L’habitat néolithique dans le Sud de la France et le Nord-Ouest méditerranéen, Marseille 2003, Mémoire Société préhistorique française, XLVIII, p. 31-37.
  • Briois F., Manen C., Gratuze B., 2009. Nouveaux résultats sur l’origine des obsidiennes de Peiro Signado à Portiragnes (Hérault), Bulletin de la Société préhistorique française 2009, tome 106, no 4, p. 805-816
  • Philibert S., Briois F., Manen C., 2014. « Use-wear analysis of early  Neolithic industry of Peiro Signado : a pioneer implantation in south  France ». In J. Marreiros, J. Gibaja, N. Bicho (eds), Use-wear 2012. Proceedings of the International Conference on use-wear analysis, Cambridge : Cambridge Scholars Publishing., p. 642-651.
  • Bouby L., Marinval P., Durand F., Figueiral I., Briois F., Martzluff M., Perrin T., Valdeyron N., Vaquer J., Guilaine J., Manen C., 2020. Early Neolithic (ca.5850-4500calBC) agricultural diffusion in the Western Mediterranean: An update of archaeobotanical data in SW France, PLoSONE  15(4): e0230731.https://doi.org/10.1371/journal.pone.0230731.